Pour vous parler de la très belle exposition Gérôme au musée d'Orsay,
j'avais envie de commencer avec ce tableau :

Opticien, 1902, collection particulière

C'est le dernier de l'exposition et il est très différent de tout le reste de la production de Jean-Léon Gérôme, mais moi il me fait marrer par son humour intrinsèque.
Et je n'avais pas envie de mettre en avant ces gladiateurs, que l'on voit sur les affiches et qui c'est vrai reflètent bien le style de cet artiste protéiforme.
Protéiforme, car le propos de cette exposition est de mettre en lumière les différents aspects de l'art de Gérôme, tour à tour, peintre et sculpteur, à un moment où la peinture vit un changement. Un moment où l'apparition de la photographie documentaire, les voyages, vont changer la façon de rêver le monde. Un moment où la peinture de genre t la peinture d'histoire vont fusionner sous le pinceau de certains artistes. Un moment où cette nouvelle peinture ne sera appréciée ni des cercles littéraires en vogue ni des critiques. Mais où elle trouvera une certaine renommée en étant diffusée en masse par le biais de reproductions.

Pollice verso, 1872 © Phoenix Art Museum

Portrait de Charles Garnier

Le barde noir, collection particulière

L'exposition est aussi l'occasion de (re)-découvrir les talents de portraitiste de Gérôme (avec notamment ce portrait de Charles Garnier et ou ce barde noir), bien que celui-ci soit bien plus réputé pour sa capacité à organiser l'espace et à théâtraliser ses compositions. Et l'on peut constater que toutes les toiles de groupe sont extrêmement construites.
Gérôme est par ailleurs réputé pour mêler dans ses toiles un Orient rêvé, recréé à partir d'éléments archéologiques et parfois anachroniques mais aussi d'éléments photographiés, tels que les luxuriants paysages égyptiens qui serviront de fond à pas mal de ses toiles. Cette façon de mêler une vérité archéologique à une peinture très léchée, soucieuse de détails et de réalisme et traiter le genre historique avec des sujets anectodiques, du quotidien, va faire craquer les leaders d'opinion de l'époque, qui ne se priveront pas de critiquer le choix des sujets et leur traitement.

Marchand de tapis au Caire, 1887 © Minneapolis Institute of Art

Le charmeur de serpent, 1880
© Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts

L'intérieur grec, le gynécée, 1850 © Propriété de Lady Micheline Connery

Bain turc ou bain maure © Museum of fine arts, Boston

Pour ma part, ces toiles orientalistes font mon bonheur. Les couleurs de certaines m'enchantent. Et j'aimerai pouvoir installer un bon fauteuil devant quelques unes de ces toiles qui me "parlent" particulièrement, pour pouvoir admirer à loisir le luxe de détails peint par Gérôme.

La partie "Dans l'atelier", me convainc moins, même si les toiles sont également très belles. Certainement que je suis moins sensible à Galathée...

La fin de séance © Frankel Family Trust

L’artiste sculptant Tanagra, 1890 © Dahesh museum New York

L'autre pan exploré par cette exposition est le travail de sculpteur de Jean-Léon Gérôme avec notamment différents marbres teintés et rehaussés de bronze comme cette sculpture de Corinthe, que je trouve de toute beauté mais que certains trouveront très "kitsch", la dernière oeuvre sur laquelle il travailla.

Corinthe © collection J.Nicholson

Si cela vous donne envie d'aller voir l'exposition (ce que j'espère) :

Jean-Léon Gérôme
jusqu'au 23 janvier 2011
Musée d'Orsay
1, rue de la Légion d'Honneur
(esplanade entre les quais et la rue de Lille)
75007 Paris

Jean-Léon Gérôme

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